La Tombe des Lucioles – Nosaka Akiyuki

*Lu en français

Purple-and-Beige-Gradient-Cartoon-Illustrative-Romance-Story-Book-Cover-25-1 La Tombe des Lucioles - Nosaka Akiyuki

La Tombe des lucioles, visionnaire et poignant : l’histoire d’un frère et d’une sœur qui s’aiment et vagabondent dans l’enfer des incendies tandis que la guerre fait rage et que la faim tue. Voici une prose étonnante, ample, longue, proustienne dans le sens qu’elle réussit à concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, mais prose très violente, secouée de mots d’argot, d’expressions crues, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle, d’images quasi insoutenables – prose parcourue d’éclairs” (Diane de Margerie).


Petite histoire…

J’ai découvert La tombe des lucioles il y a plusieurs années grâce à ma sœur, qui m’avait recommandé le film d’animation de 1988 (le tombeau des lucioles). Ce film m’avait profondément marquée : bouleversant, triste, révoltant, mais aussi d’une beauté poignante. J’en avais pleuré toutes les larmes de mon corps, au point de me promettre de ne jamais lire le roman d’origine. Et pourtant, me voilà, quelques années plus tard, en train de le lire. Ironie du sort, n’est-ce pas ?

J’ai récemment mis la main sur un exemplaire du roman La Tombe des lucioles, écrit par Akiyuki Nosaka en 1967. Il ne fait que 67 pages, alors je l’ai glissé entre deux lectures.

Mon commentaire

Ce court récit est en réalité une semi-autobiographie, qui raconte l’histoire de Seita, un jeune garçon, et de sa petite sœur Setsuko, tentant de survivre à Kōbe en 1945, après avoir perdu leurs parents lors des bombardements américains pendant la Seconde Guerre mondiale.

D’abord recueillis par une tante cruelle, ils finissent par fuir pour vivre seuls dans une caverne. Mais leur situation ne fait qu’empirer : la faim, la solitude et l’abandon les rongent peu à peu, jusqu’à l’issue tragique que l’on devine.

Tout comme le film, le roman est un véritable déchirement. Il expose la guerre dans toute sa brutalité, cette fois du point de vue des civils japonais. On est trop souvent confrontés à des récits de guerre centrés sur les Américains ; ici, c’est une autre facette de l’horreur qui est mise en lumière : la famine, la misère, la perte, les enfants livrés à eux-mêmes. Seita, encore enfant, doit endosser le rôle d’adulte pour protéger sa sœur. Malheureusement, ses efforts seront vains.

Ce qui m’a frappée, c’est la façon dont le roman décrit la perte d’humanité causée par la guerre. Chacun tente simplement de survivre, souvent au détriment des autres. C’est glaçant.

Cela dit, malgré la force du récit, j’ai trouvé le livre un peu moins bouleversant que le film. Peut-être est-ce dû à la narration à la troisième personne, au rythme rapide ou à la traduction, mais j’ai eu plus de mal à ressentir intensément les émotions des personnages. Le film, lui, nous plonge littéralement dans leur souffrance, leur désespoir — c’est presque insoutenable par moments.

Quelques extraits

Il y a malgré tout des passages profondément touchants dans le livre, certains m’ont même tiré une larme, comme ceux-ci :

Vers midi le 22 août, quand il revient à l’abri aprè une baignade dans l’étang, Setsuko était morte. Les derniers jours, elle n’était plus qu’un squelette vivant, on ne l’entendait plus, elle avait laissé une énorme fourmi lui grimper sur la figure sans faire le moindre geste pour la chasser, c’était à peine si la nuit elle suivait encore des yeux les lueurs des luciolles…

Ces os blancs : ceux de la petite sœur de Seita, Setsuko, morte le 22 août au fond de la tranchée d’un abri antiaérien dans le quartier de Manchitani à Nishinomiya, d’une inflammation aiguë des intestins, si l’on en croit du moins la version officielle, car en réalité, percluse de tous ses membres à l’âge de quatre ans, c’était comme dans un profond sommeil qu’elle avait quitté ce monde, de la même manière que son frère en somme : dépérissement du à la nutrition.

Tard dans la nuit tout était consumé, il ne s’y retrouvait pas dans la nuit pour ramasser les ossements, aussi n’insista-t- il pas et se coucha-t-il à côté du trou; tout autour c’était une nuée incalculable de lucioles mais il ne fit même pas un geste pour en prendre dans sa main… Comme ça elle se sentirait quand mêms moins seule, Setsuko..

Dans l’après-midi du 22 septembre 1945, Seita, crevé comme un chien dans l’enceinte de la gare de Sannomiya, fut incinéré avec vingt ou trente cadavres d’autres vagabonds, dans un monastère au-dessus de Nunobiki, et ses ossements furent ensuite déposés au colombarium, comme restes d’un mort inconnu.

En résumé, …

Bien que le roman soit moins immersif que le film, il n’en reste pas moins une lecture essentielle. Il met en lumière, à travers une histoire inspirée de faits réels, des thèmes forts comme la souffrance, la résilience et l’amour fraternel dans un contexte de guerre impitoyable.

Je le recommande vivement, surtout à ceux qui s’intéressent aux récits historiques et aux témoignages de guerre.

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